ÉVOCATION HISTORIQUE
Pendant la guerre du Yom Kippour en 1973, le premier ministre israélien Golda Meir doit faire face à des obstacles écrasants, un cabinet sceptique et une relation complexe avec le secrétaire d'État américain Henry Kissinger alors que des millions de vies sont en jeu.
Golda suit l'épisode de la guerre du Kippour en 1973 au cours de laquelle Golda Meir a dû prendre des décisions importantes au regard de l'attaque soudaine déclenchée contre Israël par l'Egypte, la Syrie et la Jordanie.
La première ministre d'Israël doit faire face à la menace de la destruction complète de son pays. Pour contrer cette immense crise, elle devra affronter un cabinet plutôt sceptique à son endroit, une relation complexe avec le secrétaire d'État des États-Unis, des chances minces et le danger de perdre des millions de vies. Son leadership, sa combattivité et sa compassion vont, intimement, l'aider à déterminer le sort de sa nation, ce qui laissera un héritage controversé pour le reste du monde.
Partagé entre tradition et modernité, le cinéaste israélien Guy Nattiv a soumis sa page d'histoire à deux principes contraires. D'abord, le récit nous est raconté a posteriori, en un long flash-back actionné par la parole de sa protagoniste controversée, entendue devant un comité. Un procédé vieux comme le monde. Ensuite, en énergisant son quasi huis clos par une mise en scène tendue, qui fait en souplesse usage de techniques au goût (et aux moyens) du jour. Au nom de l'efficacité dramaturgique, le scénario tait cependant plusieurs développements qui auraient fourni aux spectateurs contemporains une meilleure compréhension de la guerre du Kippour et de la dame de fer qui l'a fait stopper. Affublée de prothèses des pommettes aux chevilles, Helen Mirren s'impose avec son autorité tranquille, dans ce qui reste un luxueux et un brin compassé one-woman-show. Martin Bilodeau.
Golda Meir fumait. Compulsivement, continuellement. Nerveusement, machinalement. Si l’on se fie à cette évocation de l’épisode clé de la guerre du Kippour, en 1973, qui aboutira à la démission de celle qui était alors première ministre d’Israël, soit le chef du gouvernement du pays, alors on déduit que le personnage passe le plus clair de son temps une cigarette à la main ou entre les lèvres. Soit pendant toutes les phases (nombreuses) de négociation, durant les moments d’attente, et même lorsqu’elle est hospitalisée.
Cette atmosphère envahie par les volutes de fumée, ce sont bien les années 70, pas si lointaines, qui permettaient à tout le monde de fumer partout. Au bureau, à la télé, dans les salons (de l’auto, des arts ménagers), et même parfois au cinéma. La reconstitution privilégiée par le cinéaste Guy Nattiv met volontiers l’accent sur ces aspects-là, quitte à négliger le sérieux d’un biopic qui n’en est d’ailleurs pas tout à fait un.
Son «Golda» n’est en effet pas une évocation de la vie et l’œuvre de Golda Meir, puisqu’il se concentre presque exclusivement sur les sombres tractations qui ponctuèrent la guerre du Kippour. Mais il permet à Helen Mirren de se livrer à une prestation mimétique bluffante, jusqu’à faire oublier l’actrice derrière le maquillage.
D’ailleurs, et c’est à la fois la force et la faiblesse du film, on ne peut guère imaginer celui-ci avec une autre comédienne. Tout comme Camille Cottin, présence surprenante dans le rôle de l’assistante dévouée, pourvoyeuse de clopes et allumeuse de mégots. Les actrices se livrent ici à des performances physiques et le film mise tout sur elles. À raison, puisqu’elles en sont le principal atout. Pascal Gavillet.
Chronique d’une vingtaine de jours sous haute tension lancés par une alerte du réseau d’espionnage israélien à Londres. Alors que ses généraux sont partagés quant à sa gravité, la première ministre tranche pour une mobilisation partielle. La suite lui donnera raison, Israël devant faire face à une attaque conjointe égypto-syrienne, au sud dans le Sinaï et au nord dans le Golan. Déjà affaiblie par le cancer qui l’emportera, Golda Meir doit tenir des officiers vacillants, en particulier le fameux Moshe Dayan. Puis arrive l’occasion d’une contre- offensive, potentiellement très meurtrière...
Le problème principal du film est qu’il ne quitte quasiment pas des intérieurs ministériels de Tel-Aviv et que ses considérations stratégiques manquent dès lors de consistance. Certes, Mirren finit par s’emparer du rôle, bien secondée par Camille Cottin dans celui de son assistante personnelle et par les acteurs israéliens qui campent le staff militaire. Mais en l’absence de visite sur le terrain des opérations, cette guerre à distance devient encore plus virtuelle que celles menées par drones et satellites d’aujourd’hui!
On en apprécie d’autant plus l’arrivée de Henry Kissinger (Liev Schreiber) et d’un peu de géopolitique à échos russo-ukrainiens (Meir est née à Kiev et sa famille a subi des pogroms, l’URSS arme les ennemis Sadate et Assad) ainsi que quelques images d’archives TV. Pour le reste, le film écrit par le Britannique Nicholas Martin (Florence Foster Jenkins) et réalisé par l’Israélien Guy Nattiv (Strangers, Skin) ne se départit jamais de coloris ocre et turquoise qui ont inexplicablement la cote dans les laboratoires israéliens ni d’un anglais de convention plutôt que l’hébreu. C’est aussi là qu’on reconnaît un film académique. Norbert Creutz.
Pris par surprise en pleine fête de Kippour, la plus importante du calendrier juif, l'Etat hébreu vacille sous le feu croisé de l'Egypte et de la Syrie. L'armée israélienne ne parvient à reprendre le dessus qu'après de graves revers et au prix de plus de 2 500 morts. "Il s'agit du Vietnam d'Israël", a déclaré le réalisateur Guy Nattiv en conférence de presse, s'attendant à ce que le film puisse rouvrir des débats dans son pays.
Dans le film, "Golda n'est pas montrée comme un personnage totalement lisse, elle a fait des fautes, des erreurs mais elle a pris ses responsabilités, ce que les dirigeants politiques ne font pas aujourd'hui", a-t-il ajouté.
Celle qui fut l'un des fondateurs de la nation, signataire de la déclaration d'indépendance, démissionnera en 1974 et mourra quatre ans plus tard. "Elle a été injustement dénigrée en Israël" et n'a "jamais rejeté la responsabilité sur quiconque" pour les erreurs qui ont pu être faites, a renchéri Helen Mirren devant la presse. C'était une dirigeante "totalement dévouée sans être ivre de pouvoir ou dictatoriale".
Dans le film, qui fait le choix de se concentrer sur le point de vue des autorités civiles et militaires israéliennes, les combats ne sont montrés que du ciel. Né lui-même en 1973, le réalisateur israélien revendique une entreprise de réhabilitation d'une figure politique parfois contestée, forte mais inflexible, et qui a affiché des positions radicales sur la question palestinienne.
Le film ne cache pas pour autant la paralysie initiale du pouvoir israélien, ni les difficultés à convaincre l'Amérique de Richard Nixon, en pleine Guerre froide, d'aider son allié. À l'écran, Helen Mirren, 77 ans, se fond dans le rôle, interprétant une dirigeante travailliste crépusculaire, seule face aux décisions les plus difficiles, fumant cigarette sur cigarette.
Tout en gérant la plus grave crise qu'ait connue son pays, elle fait soigner en secret le cancer qui la ronge, dont l'armada de militaires et de ministres, tous des hommes, placés sous son autorité ne doivent rien savoir. Dans le film, sa seule confidente est sa proche assistante, interprétée par Camille Cottin, rendue célèbre par la série Dix pour cent et qui poursuit une carrière internationale l'ayant déjà conduite à apparaître aux côtés de Matt Damon (Stillwater ) et chez Ridley Scott (House of Gucci ).
Tourné en anglais, avec une actrice principale britannique, le film a déjà fait avant même d'être montré l'objet d'une polémique au Royaume-Uni, certains s'interrogeant sur le choix d'une actrice qui n'est pas juive pour interpréter Golda Meir.
"J'ai été surpris de voir cette réaction", a répondu le réalisateur Guy Nattiv en conférence de presse, estimant qu'il était aussi absurde de décider que seuls des acteurs juifs puissent jouer des rôles de personnages juifs que d'interdire aux juifs de jouer des rôles de non-juifs. "Cela limiterait les possibilités [des interprètes] dans de telles proportions", a-t-il souligné. "Les acteurs israéliens ou juifs n'ont aucune limitation pour jouer dans le monde entier". "Et si demain on fait un film sur Jésus-Christ, qui va le jouer ? Un juif ou un non juif ?", a ironisé Lior Ashkenazy, le général David Elazar dans le film. "En tout cas, pas moi !", s'est esclaffée Helen Mirren.
Golda Meir, décédée il y a 45 ans, serait "complètement horrifiée" par la politique conduite actuellement dans l'Etat hébreu, estime Helen Mirren dans une interview à l'AFP. La dirigeante travailliste partageait "l'idéalisme" des fondateurs de l'Etat hébreu, bien loin de la réforme en cours du système judiciaire, qui marquerait "l'arrivée de la dictature", selon l'actrice. Le Parlement israélien a approuvé en février en première lecture deux dispositions de cette réforme controversée. Le projet mobilise une grande partie de l'opinion publique contre lui depuis son annonce, début janvier, par le gouvernement formé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu (droite) avec des partis d'extrême droite et des formations ultra-orthodoxes juives.
"Je pense que ce serait un renversement complet et un déni de ses valeurs", a déclaré l'actrice à propos de cette réforme, que l'ONU a appelé à suspendre, inquiète de ses conséquences en matière de droits humains et d'indépendance de la justice. "C'est l'arrivée de la dictature et la dictature a toujours été l'ennemi du peuple dans le monde entier, et c'est ce que (Golda Meir) penserait", a-t- elle ajouté. "Je crois que nous sommes sur le point de perdre la démocratie, et je pense que si Golda était vivante et voyait ça, elle voudrait retourner dans sa tombe", a estimé de son côté auprès de l'AFP le réalisateur israélien du film Guy Nattiv. "Elle était très honnête. Elle a aussi pris ses responsabilités pour tout, et elle croyait totalement dans le système judiciaire. Donc c'est totalement l'opposé de ce qu'on voit aujourd'hui, et pour moi c'est effroyable". France Info Culture.
Commentaires
Enregistrer un commentaire