À PROPOS D'ORADOUR...

 Inspiré du massacre d’Oradour-sur-Glane

Le vieux fusil est finalement le genre de revenge movie que Charles Bronson tournait dans les années 70. Un médecin, dont la femme et la fille ont été tuées dans des conditions atroces, décide de se faire justice lui-même en piégeant un à un les nazis responsables de ces crimes. Robert Enrico, un des pires tâcherons du cinéma français, ne s’embarrasse pas d’une structure complexe : quelques analepses ressuscitent le passé heureux, le présent est le temps du châtiment et le long métrage se déploie selon une chasse à l’homme savamment orchestrée par ce mari endeuillé, qui connaît les lieux comme sa poche. Ce classique du cinéma hexagonal, multi césarisé, est porté, selon l’expression consacrée, par l’interprétation de Philippe Noiret et de Romy Schneider. Il est également nanti d’une musique électronique signée par François de Roubaix, quelques mois avant sa mort accidentelle. 

Apologie de l’autodéfense, le long métrage repose sur des arguments détestables : Dandieu utilise les mêmes procédés que ses ennemis, jusqu’à leur dérober un lance-flammes pour immoler le chef de ces assassins. Ainsi, les enjeux de la guerre sont clairement évoqués en privilégiant un schéma cathartique, où le bon Français se débarrasse du méchant Allemand, le but étant de caresser dans le sens du poil la bonne conscience d’un pays dont le gouvernement officiel collabora avec l’occupant. Ici, l’émotion envahit tout, détermine chaque geste, chaque plan, chaque parole, pour construire une sorte d’infernal chantage lacrymal. À la fin, les FFI débarquent. La caméra s’attarde sur eux. En revanche, les miliciens du début passent rapidement. Comme par hasard, pourrait-on dire. 

Bref, ce pur produit de ce que le sémiologue Roland Barthes appelait "l’esprit petit-bourgeois", sorti quelques années après l’inoubliable film d’Ophüls, Le Chagrin et la Pitié, et deux ans après le fondamental livre de Robert Paxton, « La France de Vichy », est une sorte de réponse radicale à tous ceux qui pourfendirent le mythe gaullo-pompidolien d’une France unanimement résistante. Jérémy Gallet 

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